Mercredi 28 août 2013
Là, c'est sûr, nous sommes devenus des vrais pros pour le rangement de la tente et du matos en moins de deux!
C'est reparti pour une journée de bus: nous prenons aujourd'hui la piste de Kjölur qui relie l’Islande du Nord au Sud. Elle
traverse les Hautes Terres, une région comprenant la plus grande
étendue sauvage du pays. Les infrastructures humaines sont
quasi-inexistantes, ainsi que la population.
Heureusement, plusieurs arrêts sont prévus, notamment le long du Cercle d'Or, qui comprend les trois sites touristiques les plus fréquentés d'Islande. S'ils sont si fréquentés, c'est parce que c'est un petit concentré de tout ce qu'on peut trouver en Islande, pas très loin de Reykjavík.
Le début du trajet est plutôt sympa:
Le début du trajet est plutôt sympa:
Au bout d'un moment, on rentre dans le désert, la piste est défoncée:
10h comme ça, ça risque d'être long...
Premier arrêt pour le déjeuner à Hveravellir, un site géothermique, au milieu du désert. Il fait très froid, nous mangeons à l'intérieur du bus, après avoir fait un tour dehors.
Après plusieurs heures de trajet, le bus s'arrête de nouveau. Il y a un arrêt de bus en plein désert, avec rien autour, et un type qui attend le bus là. Et d'autres types à chevaux. Surprenant!
Dans le désert: des moutons... |
Le second arrêt, bien plus tard, est à Golfoss ("la Chute d'Or"): une cascade à deux étages : la
première chute fait 32 mètres et la seconde 70 mètres. C'est très très touristique et ça nous fait bizarre après 8h de traversée du désert. La cascade est impressionnante par sa puissance et son débit.
Sur le parking, un monstre! |
Nous nous arrêtons ensuite à Geysir, site qui a donné son nom au phénomène des geysers. Il y a le Geysir qui monte à 70 mètres mais qui n'est plus actif notamment suite aux hordes de touristes qui ont jeté des pierres dedans pour essayer de le déclencher. Mais nous voyons le Strokkur qui monte à 20 mètres, toutes les 10 minutes. C'est super chouette!
Après encore un peu de route, nous sommes de retour au BSI de Reykjavík (la gare routière). Nous voulons acheter nos billets de bus pour la rando que nous avons prévue de faire pendant nos 4 derniers jours en Islande, le Laugavegurinn, une rando de 60 km qui part de Landmannalaugar. Mais au BSI, on nous dit que du très mauvais temps se prépare, que les routes serons peut-être fermées et qu'il vaut mieux laisser tomber. Grosse déception pour nous. D'abord parce qu'on voulait vraiment faire cette rando mais aussi parce que cela signifie qu'on se retrouve coincés à Reykjavík (et c'est quand même une petite ville) pendant 5 jours et avec un temps pourri...
Nous passons la soirée à essayer de réfléchir à ce que l'on pourrait faire... Au final, on décide de se lever tôt demain matin, d'aller au BSI voir si rien n'a changé et d'aviser le moment venu!
Retour à Reykjavík. Qui pourrait croire qu'une tempête se prépare? |
Va comprendre la météo quand tu as à la fois du soleil, un nuage blanc, un nuage gris, de la pluie et du vent! |
Ce soir, il ne fait pas froid, ça fait du bien d'être au sud!
Jeudi 29 août 2013
Nous arrivons au BSI aux aurores. Ils acceptent de nous vendre les billets, mais nous redisent qu'avec le temps qui arrive il n'est pas conseillé de randonner... On y va en se disant que si on doit faire demi-tour, il ne faudra pas râler!
C'est vrai qu'on part sous un temps terrible. Mais au fur et à mesure que l'on avance, cela s’éclaircit... Et nous voilà de retour à Landamannalaugar, pour notre plus grand plaisir. Je pars à la recherche de mon gant perdu à notre dernier passage, sans succès.
Après avoir déjeuné et s'être inscrit sur le registre de sécurité, c'est parti pour 62 km! Les paysages sont époustouflants. Les montagnes sont multicolores... Ça monte beaucoup, et il y a beaucoup de vent, ça commence très fort mais c'est tellement beau...
Motivés! |
Champs de lave de Laugahraunand et à droite le volcan Brennisteinsalda |
Encore maintenant, quand je pense à l'Islande, je pense à ces montagnes... |
Le Brennisteinsalda |
Nous arrivons ensuite sur un plateau désertique, type lunaire, avec des fumerolles par-ci par-là (les sources d'eau chaude de Storihver), et des obsidiennes partout. Le brouillard arrive et s’épaissit. Bientôt, nous n'apercevons plus que la balise suivante mais plus celles d'après. Nous passons devant la stèle érigée en mémoire d'un touriste israélien, mort de froid dans le blizzard, à seulement 2km du refuge...
Le brouillard se lève |
Les obsidiennes (ou tourmalines?) J'en ai ramassées et mes parents m'en ont fait une bague... |
Ça se gâte... |
Nous arrivons au refuge de Hrafntinnusker après 3h30 de marche assez difficile, surtout à cause du temps. Nous n'hésitons pas longtemps à laisser tomber la tente quand nous apprenons que le refuge est quasiment vide! Nous passons l'après-midi tranquillement, au chaud!
Quoi? On pouvait y aller en voiture!! |
Vendredi 30 août 2013
Nous nous réveillons en forme après une bonne nuit douillette. Dehors, il neige... Nous marchons pas mal de temps dans une nouvelle plaine désertique et sous la neige, avec la vue complètement bouchée. Mais nous commençons à descendre et quand nous passons sous le nuage nous pouvons apercevoir un beau lac (Álftavatn), de belles montagnes (les glaciers de Myrdalsjökull et Eyjafjöll) et le refuge! Comme il est encore tôt (nous avons marché seulement 3h30) et que le temps est censé empirer demain, nous décidons de continuer jusqu'au prochain refuge (Emstur). Nous déjeunons au refuge d'Álftavatn qui n'est pas chauffé la journée, on en ressort frigorifiés! Et nous repartons sous la pluie.
Le lac au loin (les glaciers sont cachés dans la brume) |
À un moment, nous arrivons à une rivière. Après avoir cherché partout un pont ou des cailloux qui dépassent ou n'importe quoi qui nous permettrait de traverser, nous nous rendons à l'évidence: il faut la traverser à gué. On enlève chaussures et chaussettes, on monte les pantalons, l'eau est glacée!! Je mets le pied dans un trou et trempe mon pantalon. Je râle, mais heureusement j'ai de quoi me changer!
Nous devons ensuite passer une seconde rivière, plus large et plus profonde. Pour elle, nous nous mettons en sous-vêtements, c'est n'importe quoi!!! À ce moment-là, nous marchons avec un couple d'Allemands rencontrés en chemin, et malgré le froid, on se marre bien...
La vidéo n'est pas longue car je suis moi-même mouillée, en culotte, par 0°C!
Petit à petit, le vent se lève (de face le vent, bien sûr!), la pluie se transforme en neige et nous devons traverser un vaste plateau de sable sombre, sans fin. Nous n'avons aucun repère, notre carte tombe en lambeaux à cause de la neige qu'elle se prend dès qu'on la sort. Le paysage est très monotone et on a l'impression de ne pas avancer, c'est dur. Le temps se gâte de plus en plus, et la tempête de neige annoncée il y a quelques jours (et à laquelle on n'a pas cru) est là. On se prend les flocons dans les yeux, avec le vent c'est très douloureux, on est gelés, on est crevés. À chaque fois qu'on arrive en haut d'une colline on se dit qu'on va apercevoir le refuge, et on n'aperçoit jamais le refuge... La dernière heure est terrible: je n'arrive plus à avancer et Bobby est obligé de me tenir par le bras pour me faire avancer de force. Moi, je ne pense qu'à ma fatigue, mais lui commence à sérieusement flipper pour la suite (mais se garde bien de me le dire). Et tout d'un coup, après 26km et 9h de marche sous un temps épouvantable, le refuge apparaît!!! Joie et soulagement! Heureusement, il y a de la place pour nous dedans. Inutile de dire que je n'ai pas pris de photos sur cette partie (pour dire à quelle point c'était dur!!)
Nous mangeons une soupe chaude préparée par la gardienne et mettons nos affaires à sécher (tout est trempé!) Nous sommes soulagés de voir nos amis Allemands arriver aussi un peu plus tard, et racontons notre journée aux autres randonneurs qui hallucinent.
Je suis épuisée et m'endors à 20h30.
Samedi 31 août 2013
Je rêve que mon duvet est magique et me protège contre le froid tout en me soignant. Et je me réveille super en forme sans aucune courbature! Nous apprenons que nous avons la possibilité de prendre un bus jusqu'au prochain refuge et sautons sur l'occasion après la dure journée d'hier. Mais nous changeons d'avis au dernier moment: on va la faire jusqu'au bout cette rando!
Aujourd'hui il y a toujours beaucoup de vent (de face, toujours de face!), mais au moins on voit le paysage. Après quelques belles montées et quelques averses, c'est le retour de la fatigue quand nous arrivons à une nouvelle rivière à traverser à gué. Et bien comme dit Bobby, ça a beau être chiant, "ça revigore" et nous continuons à marcher dans la bonne humeur ensuite!
Le refuge de Þórsmörk est situé dans un cadre superbe, au milieu des montagnes. Bobby veut replanter la tente, mais je suis cassée et j'insiste pour faire une nuit de plus en refuge. Il est immense est quasiment vide. Et il y a des douches chaudes... On s'endort fiers de nous et heureux d'avoir vu tous ces magnifiques paysages!
Vous etes des dingues !
RépondreSupprimerMoi tout ce froid ça ne me fait pas rever.
Mais c'est tout le paradoxe de ce voyage: les conditions étaient très dures, et pourtant c'était magique...
SupprimerVous êtes fous !! Heureusement que je ne savais pas tout ça ! En te lisant, ça me rappelle mes angoisses de tes randos en Nouvelle Zélande .. mais je crois que c'est pire .. mais là vous êtes 2 !!
RépondreSupprimerCela dit, les paysages sont magnifiques, et même si j'en ai froid dans le dos et partout, cela vous a permis de voir et de faire des choses extraordinaires !!!
Chapeau !
Peut-être un peu fous, mais c'est tellement beau... ;)
SupprimerFinalement, parfois je me demande si vous êtes bien sérieux de prendre tous ces risques pour la beauté des paysages !!! ???
RépondreSupprimerMais bon, c'est votre truc
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerTu exagères un peu car de mémoire c'est la seule fois où on a un peu abusé... Et puis, c'est aussi le récit qui donne cette impression, car je ne l'écrit pas mais on a consulté les gardiens des refuges, la météo etc... avant de se lancer! En fait, il y a eu un seul jour où on aurait dû rester au chaud..
SupprimerPas de soucis ... Je vous fais bien confiance quand même ...et je me doute que vous ne faites pas complètement n'importe quoi !!mais le récit est vraiment impressionnant
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